Philéas frappe encore

ImageLe ciel est dégagé au matin.
Nous pouvons entamer notre ascension d’Alex Knob qui sourit à 1303 mètres.

Heureusement -heureusement- nous partageons cette randonnée avec Clément. Le « Laboureur », son van, nous attend en bas, se chargeant de surveiller nos kilos superflus… comprenez nos bagages.

Ca monte, encore et encore, le glacier se dévoile parfois promettant un beau spectacle pour nous féliciter de cette marche jusqu’au ciel.
Mais c’est une course contre la montre. Des nuages parenthèsent le glacier cherchant à l’étrangler avant que nous puissions profiter de notre position dominante.
Enfin nous arrivons.
La vue a juste le temps de nous saisir. Comme en cuisine, Fort mais Vite.

Une minute.
Deux minutes.
Trois minutes.

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Et le glacier disparait complètement.
Laissant les nouveau arrivants, et les prochains que nous rencontrerons à la descente, fatigués, et dépités.

Car la Nouvelle-Zélande ne fait rien à moitié et bientôt nous ne voyons plus à deux mètres et pour longtemps… mais la bière est bonne.
Toujours.
Quand on a que celle là.

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Nous quittons Clément qui savourera une douche chaude dans un backpacker (auberge de jeunesse) et attendons de nouveau sur le bord de la route sans véritable succès jusqu’à temps que deux écossais en van s’arrêtent.
– Nous n’avons pas de sièges à l’arrière mais vous pouvez vous installez sur le lit, si cela vous va.
Quand ils nous ouvrent la porte un autostoppeur argentin occupe déjà les lieux.

Il y a donc deux nouveau clandestins dans ce van confortable de location.

Elle. C’est un vrai bonheur. Petite blonde pétillante. Emerveillé de la moindre parcelle de vie, de paysage, d’aventures par procuration. Elle pose beaucoup de questions dans une envie qui ne cherche pas à se cacher. Elle voudrait tout, partout , tout de suite.
Mais restera dans son van confortable et retournera en Ecosse dans une petite semaine.

Nous les laissons à Fox. La nuit tombe il faut se trouver un mètre carré…pour la tente.
Nous marchons un peu, d’une légèreté qui sent la liberté à plein nez. Nous sommes au milieu de rien, rien ne nous attend, nous ne savons pas où nous dormirons, mais peu importe, nous avons notre vie sur notre dos et la quiétude de la Nouvelle-Zélande dans nos coeurs.

Un pré descend doucement près de la rivière bleu glacière, nous sommes au dessous d’un pont où personne ne peut nous voir, le soleil fait étinceler les fleurs oranges qui éclatent tout autour de nous.

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Et puis vient le soir…
Le ciel se dégage et nous laisse apprécier la vue que nous avons depuis notre tente : le glacier.
Le moment est presque irréel.

Nous prenons conscience que cet instant ne peut se faire que grâce au nomadisme, qu’aux hasards qu’il engendrent. Nous sommes heureux d’être en Nouvelle-Zélande en stop, en tente, en aléas.

A notre réveil, le glacier veille toujours sur nous, comme il l’a fait toute la nuit.

Des couleurs froides de la vie nocturne il s’étire désormais aux couleurs chaudes de l’aube.

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Le ciel se charge comme la Nouvelle Zélande sait le faire. Les nuages incroyablement feignants se posent délicatement sur les versants des collines pour se reposer. Notre champ de vision s’écourte. Et les gouttelettes s’agitent dans l’air.

La nuit sera étrange.

La tente étant posée dans un trou. Seul coin d’herbe à peu près plat.

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Au matin la tente n’est pas humide, elle est trempée de cette brume qui s’est épaissie à se transformer en pluie et au matin en lourde rosée glacée.

Nous nous renseignons sur la météo-chose que nous ne faisions pour ainsi dire jamais en Australie mais qui est devenu un élément courant de notre vie ici-.
A l’office de tourisme on nous répond très gentiment:
– Je ne suis pas la météo.
On ne nous avait jamais répondu cela… Mais je suppose que c’est gentiment ce qu’on leur suggère de dire car ces deux glaciers ne sont pas connus pour avoir un climat très favorable et pour reverser les vols en hélicoptères, je suis sure que vous préfériez avoir des infos sur le Dieu brouillard qui est quasiment un mafioso tant il est puissant sur cette île du sud…
Et il faut savoir que la plupart des offices de tourisme, les « i », comme on les appelle ici, fonctionnent sur des systèmes de commissions croisés et vous pouvez aussi arborer ce « i » sans l’être officiellement et ne proposer que vos prestations …
Alors on insiste un peu. Elle clôture la conversation :
– Regardez dehors.

Nous décidons d’attendre le lendemain pour la marche que nous souhaitions faire : une marche qui arrive sur le sommet qui fait face au glacier de Franz Joseph. Quelques 1000m de dénivelé positif…autant voir quelque chose au sommet.

On mise sur Fox Glacier … à quelques kilomètres seulement, mais, on le souhaite sera dégagé.

Il l’est.

C’est le territoire des géants. Les gravats qui se sont arrachés à la montagne semblent n’être qu’un éboulis quand on regarde de loin. Les personnages qui déambulent sur leur chemin ne sont pourtant que des points, des anecdotes, des lichens.

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La vallée creusée par le glacier a des parois qui se dressent d’une quasi verticalité, pendant que les ruisseaux aux couleurs irréelles approvisionnés par les glaciers sillonnent la piste caillouteuse.

Ce paysage trop grand, trop impressionnant me rappelle des images d’Amérique du Sud … la Patagonie peut-être ?

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La vallée est presque plus belle que le glacier en lui-même. Il a cependant le mérite d’être mon premier alors oui il est beau. Oui je cherche les couleurs dans sa vie de noir et blanc. Le bleu translucide qui redonne la vie à cette montagne de glace.

Il est dur d’en apprécier la taille.

Au loin cette petite arche est en fait un pont où l’on pourrait passer à vingt, épaule contre épaule si le torrent ne charriait la fraicheur des ères glacières.

On peut marcher dessus bien sûr. Avec un tour bien sûr. Mais le glacier souffre déjà de l’inévitable réchauffement. Le chemin qui mène à lui est ponctué de panneaux indiquant jusqu’où il s’étendait.

Avant.

Alors pourquoi ne pas apprendre à l’apprécier de loin et éviter aux hélicoptères de se poser sur lui, éviter aux guides de creuser des marches pour permettre aux touristes de se dire :

– La glace…c’est froid.

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Puis le lac Matheson. Un très connu en Nouvelle-Zélande… assez étrangement. Il a juste le mérite d’être bien placé et de refléter -les années bissextiles, les jours sans vent, les jours sans brise et les jours sans pluie- le glacier.
Autant vous dire qu’il ne reflétait rien quand nous sommes passés.

Les nuages se dispersaient lentement au dessus de Franz Joseph, laissant présager une nuit fraiche mais un lendemain magique.
La magie n’a pas attendu le lendemain pour nous faire rêver.
Quelques passages de cerfs, le vol des amuseurs du ciel -le Kea, je vous en parlerais plus tard- et le soir se profilait quand nous sommes arrivés à Gilepsie beach.

Pour un coucher de soleil à 360°.

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En face de vous la mer avec sa beauté de carte postale aux couleurs saumonées, et derrière vous le glacier -ou les neiges éternelles- qui reflètent ou emprisonnent pour un dernier frisson les derniers rayons enveloppant du soleil.

Des sucreries, des gourmandises, des bonbons roses.
Comment voulez vous fermer les yeux en nouvelle-Zélande…
Chaque regard touche à la gourmandise oculaire.

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