Maori et sculpture (jade et os) Part I

Voici un petit laius sur le bijoux …C’est mon côté Gonz mais aussi hédoniste qui vous parle …

Maoris et bijoux, une histoire d’âme.

Une sculpture qui aurait été portée par une famille ou les membres d’une tribu pendant de nombreuses générations enfermerait l’esprit de toutes ces personnes et serait considérée comme un véritable trésor : Sa puissance en fait un talisman de grande valeur. Il semblerait que la sculpture qui serait donnée et reçue avec amour se porterait avec respect et contiendrait par la suite en elle la force vitale du porteur.

Ils sont principalement en jade (pounamu), en os de baleine ou encore en bois (pour ce dernier nous vous en parlerons plus lorsque nous serons dans l’île Nord). Chaque forme a une signification, c’est la représentation physique de l’énergie que l’on souhaite à la personne à qui on l’offre.

Les sculptures en jade – pounamu –

Le jade est une pierre gemme très dure employée en ornementation et en joaillerie.
– le jade néphrite composé essentiellement de néphrite, un silicate de calcium et magnésium
– le jade jadéite composé essentiellement de jadéite, un silicate de sodium et aluminium du groupe des pyroxènes, plus dur, plus dense, plus rare et considéré comme plus précieux.

En Nouvelle Zélande, la pierre est recueillie dans les rivières glacières de l’île du sud, où seuls les membres de la tribu maori ont accès.

Le Pounamu est la représentation parfaite du lien qui unit toute une communauté à une terre ancestrale mythologique, «Hawaiki». Chez les Maoris, le Pounamu symbolise la vie et la force, (le «mana») de celui ou de celle qui le possède. Les bijoux en Pounamu sont de véritables «Taonga» (Trésors) que l’on apprécie offrir sous forme de porte bonheur.

Les sculptures en os de baleine

L’océan a toujours été la force dominante pour le peuple maori qui voyagea sur de très grandes distances dans leurs grandes pirogues et qui vécurent des ressources des eaux tropicales. Ils ont toujours eu un grand respect pour les créatures de la mer, en particulier les dauphins et les baleines, animaux emblématiques dans la culture maorie.

Les noms pour les différentes espèces de baleines varient selon les tribus. Un des anciens termes pour les baleines était « ika moana» – poissons de la mer. Ils faisaient partie de la famille connue sous le nom «Puha whanau te » – la famille d’animaux qui expulsent l’air. Alors que «tohorā» (ou tohoraha) est considéré comme un terme générique pour «baleines», il se réfère également à la baleine franche australe.

Les Maoris ont un lien très fort depuis toujours avec les baleines. Bien que les baleines fournissent vivres et ustensiles, elles figurent également dans les traditions tribales maories et sont considérées comme les gardiennes du voyage des ancêtres jusqu’à Aotearoa.

La baleine avec sa grande taille et son intelligence a joué un rôle important dans la culture du peuple maori. Elles sont souvent représentées comme un exemple de l’amour dans une famille avec la mère et ses enfants toujours l’un contre l’autre à se toucher à la moindre occasion.

Les baleines échouées sur les plages ont été conservées et considérées comme un cadeau des dieux. Elles sont particulièrement prisées pour les os qui, après plusieurs années de maturation ont été utilisés pour faire des outils, des bijoux d’ornement et des objets d’art, souvent transmis de génération en génération. Les maoris n’utilisaient pas les os de baleines chassés par les européens car celles-ci n’étaient pas offertes par les dieux.

Sur une période assez longue, la sculpture ou le pendentif absorbe les huiles de votre peau et change de couleur. Pour les Maoris ce changement signifie que votre essence, votre spiritualité a été capturée dans la sculpture ou le pendentif. Il est de coutume de porter le pendentif avant de l’offrir à quelqu’un afin de capturer une partie de votre essence.

A l’origine les pendentifs ont été gravés sur des os de baleine, mais aujourd’hui, l’os de bovin est le matériau le plus couramment utilisé.

Comme sur cette beauté crée par PaulZ (Paul Gyde) qui représente le ciel et la terre personnifiés dans le récit de la création maori par un homme (à droite) et une femme (à gauche) que l’on reconnait grâce à leurs tatouages.

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Or jaune, or vert

Ce trajet en Subaru laitière fut passionnant. Nous voulions nous faire prendre en stop par un de ces camions mythiques mais comme ils n’ont pas le droit et pas la place pour deux, nous considérons ce trajet comme un excellent échantillon. L’homme fait un détour d’une dizaine de kilomètres pour nous emmener dans notre camping au bord de rivière, seule survivante de la ruée vers l’Or de la région en 1860.

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Rien qu’entre 1865 et 1867, cent quatre vingt hôtel sortent de terre… A la hauteur des quinze tonnes d’or extraites.
Il est toujours possible de rechercher de l’or dans la rivière qui traverse le camp. Des petits bataillons de retraités en motorhome viennent y passer du temps. Ils ne viennent pas pour les petites randonnées qui entourent le lieu, il viennent :
-« Pour l’Or. »
Encore aujourd’hui, c’est dit comme une évidence et un secret.

Ces périodes de folies aurifères devaient être passionnantes de sociologie. L’appât du gain, l’espoir, la course à la dernière chance … Des dizaines de kilomètres inhabités, inhospitaliers, vierges, isolés… transformés, retournés labourés par la force humaine. Au commencement filtrage de cailloux et de la terre de surface pour trouver les pépites et les paillettes d’or alluviales (qui se trouvent dans les rivières).

La main qui creuse, la pluie qui enterre de nouveau et parfois des morceaux de soleil surgissent -enfin-de cette boue haie.

Oui, j’aurais aimé en être témoin, dans une bulle invisible -et chauffée-.

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Dans cet univers de furie endormie, nous rencontrons Joëlle et Philipe, des drô-mignons, de sympathiques gens de la Drôme. Retraités qui ne cherchent pas d’Or.
Pourquoi faire ? Ils l’ont trouvés depuis longtemps.
Simplicité, Sérénité sont leurs minerais précieux.

Ils sont ici pour cinq semaines.
Joëlle a un sourire qui ne décroche pas et qui grandit quand elle nous parle de son envie de mettre les pieds dans l’eau pour rechercher de cailloux dans la rivière d’Hokitika. Ils aiment la Nouvelle- Zélande, des espaces en suspens.
-« Mais complètement diffèrent de la Patagonie. Ici, c’est le détail qui séduit. Je suis en mode macro tout le temps ».
Joëlle est sautillante d’entrain.
Philippe est plus discret, n’en dit pas trop et puis on apprend en détour d’un chemin, qu’ils ont fait Compostelle, lui à pieds, à raison de 30km par jour, elle en vélo. Il a fait un tour en Italie aussi, 1 000km, toujours à pied, sans vraiment d’eau avec lui, il s’arrêtait dans les maisons au besoin.
Des chemins de vie qui n’ont pas l’air de se décider mais qui s’imposent. Une vie en « Pourquoi pas  » qui se réalisent.

Pour leurs cinq semaines de voyages annuelles, ils aiment louer une voiture.
– « Pas grande hein, pas besoin. Il faut juste que l’on puisse rabattre les sièges. »

Et les voilà dans leur hébergement sans confort affiché
-« Mais pourquoi faire, on a juste besoin d’un lieu ou dormir ? »
Une route un peu à l’écart, un bord de plage, la court d’une ferme en demandant au préalable. Ils voyagent comme ça. De pas grand chose…
-« Le pire c’était au Etats-Unis, un matin on petit déjeunait de sardines et Coca, il n’y avait que ça ! »
Mais avec un entrain qui ornemente n’importe quel instant.
– « Vous avez un pied à terre dans la Drôme. »
Ce n’est pas tombé dans le carnet d’adresse d’un manchot.

Il est temps de se séparer pour la nuit. Chacun chez soi. Voiture pour eux et tente pour nous.
Ces nuits froides, cette humidité qui ne disparait pas quand elle ne se transforme pas carrément en pluie nous lassent.
Nous sommes réveillés très tôt.

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En deux voitures et une demi-heure nous sommes à Hokitika.

Notre vie est faite de « et si ».
La première voiture est celle d’un de nos retraités aurifères du camp.
Et si le réseau passait dans le camp, et s’il ne devait pas passer un coup de fil important ? Nous ne l’aurions pas eu.
Notre deuxième voiture est celle d’un professeur, mais un remplaçant.
Et si le titulaire n’avait pas été malade, et s’il n’avait pas été appelé, et s’il avait changé de route aujourd’hui ?
Merci au hasard, la ville de Jade se réveille doucement sous le soleil quand nous arrivons le coeur plein d’une joie renouvelé grâce à la simplicité de cette avancée matinale.

C’est la première fois que nous côtoyons l’art-isanat Kiwi, survivance des traditions maoris. La création, le fait-main me manquaient en Australie. Les australiens ne sont pas très « création » et les aborigènes, avant les colons, ne sont pas attachés aux objets à la différence des maoris.

Hokitika se trouve dans la vallée de ces 2,7 millions d’hectares de montagnes et de fiords sauvegardés, classés au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco, que l’on nomme « Te Wahi Pounamu » (lieu du Jade).

Le soleil éclaire l’ile du Sud et nous avons un pied dans ses histoires.
J’ai l’impression que nous commençons enfin notre voyage.

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(MAGNIFIQUE sculpture contemporaine par Lewis Gardiner, artiste maori)