CULTURE ABORIGENE, codes et peintures

Maman, c’est quoi un aborigène ?

C’est le nom que l’on a donné aux premiers habitants de l’Australie. Terme assez ironique car la sémantique déclare donc qu’ils sont les premiers australiens, fait longtemps nié par les colonisateurs.
Aborigènes vient du latin ab origine, « depuis l’origine », ne confondez pas avec aRborigènes qui n’a rien à voir avec cette histoire là… Selon les sources, ils sont arrivés sur le continent il y a entre 125 000 ans et 40 000 ans environ. Un baille quoi.

 Depuis ce jour, ils ont développé une culture extrêmement complexe car très codifiée et de surcroît secrète.

Codifiée : car elle répond à des normes et des lois strictes imposées par le dreaming (cf : prochain article). Le rôle de chacun dépend de son sexe, de son âge, de la position dans la tribu et la famille.

Secrète : C’est un peu comme si chaque aborigène possédait une page de la Bible et en était le gardien et le responsable. Des liens sont tissés entre certains gardiens. Tout le monde ne possède pas les clés du même secret mais en font intégralement partie et le respecte, conscient que ce partage est essentielle pour l’équilibre et le bien-être de l’ordre du monde.

 Ce peuple s’est passé de l’écriture et du métal pour se consacrer à une vie spirituelle très riche. Ils forment des sociétés sans chef, pacifiques et égalitaires. Les décisions sont prises par les anciens.

ImagePhoto d’une cérémonie secrete. Les aborigènes acceptent de performer en échange de nourriture et de matériels.

 Les aborigènes ont des chants, des danses, des parures, de la musique, une connaissance profonde de la nature, une culture du respect (des rôles mais surtout de la Terre-Mère). Comme je l’ai évoqué, ils n’avaient pas l’écriture bien que certains y apparentent l’art aborigène. Ils ont d’autres formes d’expressions qui passent le plus souvent par l’oral, mais ils communiquent également grâce aux rites et possèdent un langage des signes incroyablement recherché qui selon moi est un gage de grande tolérance et de respect. Ce langage ne s’étant pas développé par nécessité, c’est à dire pour les muets, mais pour les moments de la vie où ils n’avaient pas le droit de parler, durant le « mourning » -le deuil-, ou certaines cérémonies.

Si on s’intéresse à leur culture picturale, on estime les plus anciennes peintures et gravures rupestres retrouvées, à plus de 13 000ans.

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Mitchell Fall_ Western Australia (Merci Lu Cie !)

Avant les colons, il s’agissait de peintures d’ocres tracées à même le rocher, ou sur des écorces d’arbres ou, pour certaines tribus, simplement sur le corps, inspirées par des légendes totémiques*. Le support dépendait avant tout de leur environnent. L’art est symbolique et éducatif. Les artistes racontent des histoires à travers les représentations figuratives ou symboliques qui permettent d’enseigner aussi bien :

– la géographie et les frontières du territoire du clan
– les techniques de chasse et de pêche
– la loi du groupe
– les mythes
– les pratiques magiques et secrètes.

Ils dissimulent les signes les plus secrets sous des groupes de points.

A l’origine, les couleurs et les pigments étaient donc naturels : des tons ocres (la craie oxydée), noirs (le charbon) et blancs (craie pure). C’est dans les années 1970 que les artistes aborigènes du désert ont commencé à utiliser de la peinture acrylique, sous l’impulsion des colons, qui s’est ensuite répandue sur tout le territoire.

C’est donc très tard que les aborigènes viennent à l’art comme on l’entend aujourd’hui. Et pourtant, il est passionnant de noter que c’est avec une sorte d’évidence qu’ils prennent le pinceau. Des artistes comme Minnie Pwerle ont maitrisé d’emblée la gestion de la composition et l’harmonie des couleurs et ce, en débutant à 80 ans. C’est comme une force interne du processus artistique lié à l’attachement multi-millènaire et viscéral des aborigènes à la Terre-Mère.

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On peut trouver des styles différents selon les régions. Dans le centre australien on a un style dit « géométrique » qui décrit avec des lignes, des points, des symboles, les paysages totémiques du clan. Dans la terre d’Arnhem (au nord), c’est la technique dite « rayon X » qui prévaut, la silhouette de l’animal totémique est représentée avec sa structure interne (squelette, organes, tubes digestifs).

Prochain article : Culture aborigène, le dreaming

légendes totémiques* liées au Dreaming, voir prochain article.